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ÉGLISE DE PAYZAC

L’église Saint-Pierre-aux-Liens de Payzac est située à l’extrémité d’un calme village, près de la mairie, sur un promontoire gréseux, ce qui lui permettait autrefois, avant que la végétation ne s’intensifie, d’être visible de tous les hameaux de la paroisse dont elle constituait l’élément central. De là, on découvre une vue étendue sur le Bas - Vivarais et l'on aperçoit notamment les clochers de Joyeuse, Lablachère, Notre-Dame de Bon-Secours, ainsi que le Rocher de Sampzon.

église de Payzac église de Payzac

Cette église était sous la dépendance du prieuré de Langogne, appartenant lui-même aux moines de Saint-Chaffre du Monastier, à la suite d'une donation qui leur avait été faite en 998 par Étienne vicomte du Gévaudan. Cette donation concernait un très vaste territoire, formé par tout le domaine qu’il possédait à Faugères, dans la viguerie de Bauzon, comprenant de nombreuses églises en Vivarais.
La première mention de l’église de Payzac figure dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Chaffre qui fait état en 1175 des possessions de ce monastère. L'appartenance de l’église est confirmée par une bulle du pape Alexandre III de 1179.

église de Payzac côté sud

Côté méridional - On aperçoit la partie supérieure de la nef au-dessus de la toiture des chapelles latérales.

marques de tâcherons

 

Le portail d’entrée, face au soleil couchant, s’ouvre sur une façade harmonieuse prolongée par un très beau clocher percé de quatre baies de largeur croissante de gauche à droite, pourvues de cloches elles aussi de dimensions croissantes. Les cloches actuelles datent du xixe siècle. Au-dessus, une petite baie centrale abrite un timbre destiné à sonner les heures. À droite du portail, une pierre présente une inscription en latin mâtiné de patois qui nous indique que cette façade date du début du xve siècle. En effet, traduite en français, elle dit à peu près, selon le chanoine Rouchier1 : « L'an du Seigneur MCCCCXI et le 31e jour du mois d'août fut achevé ce présent œuvre par Maître Jean Dujet. Ô vous, habitants de Payzac, allez prier Dieu pour les trépassés ».

1- D'autres lectures de ce texte ont proposé des dates différentes (1441 notamment), mais toujours du xve siècle. Le nom du maçon aussi a donné lieu à diverses interprétations (Dendobos...).

inscription sur la façade

Inscription sur la façade dont la transcription, très difficile, a donné lieu à diverses interprétations

signes lapidaires

Signes lapidaires sur le mur méridional

église de Payzac, la nef

Le reste de l'édifice, construit, comme la façade, en belles pierres de grès de teinte ocre soigneusement appareillées, date de l'époque romane, mais il a certainement été repris ultérieurement, sans doute au xve siècle, comme le laisse notamment supposer, d'après Robert Saint-Jean, la présence de plusieurs arcs en tiers-point. À l'origine, il était formé d'une nef unique de deux travées terminée par une abside semi-circulaire. Cinq chapelles latérales ont été ajoutées de part et d'autre de la nef aux xve, xvie et peut-être même xixe siècles.
La nef est séparée de l’abside par une courte travée de chœur. Celle-ci, plus basse, s’ouvre par l’arc triomphal qui supporte un haut mur-diaphragme.

Le chœur comporte côté nord, au dessus de la porte de la sacristie, une petite tribune communiquant avec le presbytère  ; cette disposition est sans doute due à l’existence d’un ancien prieuré. Côté sud, il s’ouvre sur une petite chapelle latérale comportant une voûte sur croisées d’ogives. À trois mètres environ du sol, une pierre commémorative donne la date de cet ouvrage : « la présente chapelle qu’a fait faire messire Louis Vidal en l’an du Seigneur 1546 et le 10 juillet ». Quelques vestiges de peinture demeurent encore sur les nervures de la voûte. Remarquons aussi les « bards » du dallage en grès. Un beau retable en noyer a été placé dans l'abside en 1705.

 Les arcs doubleaux retombent sur des colonnes engagées coiffées de chapiteaux historiés. Les plus proches de la tribune représentent d’un côté l’Annonciation et de l’autre le péché originel. L’interprétation des autres chapiteaux est, en revanche, bien plus difficile. Pour celui du centre de la nef, côté sud, certains pensent qu'on pourrait y voir une illustration du récit de Suzanne et des vieillards (livre de Daniel).

chapiteau adam et ève

On voit ici Adam et Ève de part et d’autre de l’arbre de la Connaissance. À remarquer le serpent et surtout le fait que chacun des deux personnages tient une pomme alors que, d’habitude, c’est Ève qui cueille le fruit défendu et le donne ensuite à Adam.

chapiteau annonciation

L'Annonciation

L'église a été classée Monument historique en octobre 1961.
Chapelle funéraire de la famille du baron Chaurand

Chapelle funéraire de la famille du baron Chaurand

Sur la place devant l'église se trouve le monument aux morts des deux guerres mondiales et, en face, se dresse, au milieu d’un chemin de croix semi-circulaire, œuvre du sculpteur lyonnais Joseph Fabisch, la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Il s’agit d’une chapelle funéraire surmontant le caveau de la famille du baron Chaurand qui fut président de la Société de Sauvegarde de 1976 à 1982. Érigée selon les plans de l’architecte lyonnais Pierre Bossan (créateur également des basiliques de Fourvière et de La Louvesc), elle a été consacrée en 1860. Elle porte, sur le toit, dans le tympan du portail et sous l’autel, les trois dernières stations du chemin de croix. L’ensemble se trouve en limite de l’ancien cimetière qui entourait l’église jusqu’au xixe siècle.

Monument inscrit à l'Inventaire des Monuments historiques en avril 1982.