bandeau

Château de Berzème

À Berzème, le maire, M. Caddet nous présente le château racheté en 1997 par cette petite commune de 150 habitants. Construit en basalte, la pierre noire du Coiron, c’est en fait une maison forte : un bâtiment carré flanqué au sud de deux tours rondes, crénelées à l’origine, mais écimées probablement par ordre de Richelieu, avec une cour d’honneur au sud et des bâtiments annexes au nord.

château de berzème château de berzème

Façade méridionale flanquée de deux tours rondes autrefois crénelées

Le château était encore habité en 1986, mais déjà mal entretenu. C’était presque une ruine dix ans plus tard. Mis en vente, il avait d’abord intéressé un promoteur qui voulait en réalité construire 90 bungalows sur les terrains contigus. À la suite de cela, la commune décida de l’acheter à son compte pour le préserver. La propriété agricole comprenait 17 hectares, dont quatre de prés. Au xixe siècle, l’un des propriétaires, Eugène de Villedieu, y créa un arboretum composé d’essences nobles, qui a été confié en gestion à l’ONF.
En 1999, la commune a réalisé des travaux d’urgence sur le bâtiment principal, puis en 2000-2003 la mise hors d’eau, ensuite les travaux intérieurs. Les ressources propres de la commune étant limitées, le financement a été en partie réalisé grâce à la location de la moitié du château à « Vivarais Habitat » (cet organisme y a réalisé cinq appartements) et grâce à la vente d’une partie des terrains pour la construction de petits bâtiments d’habitation (sous le contrôle de l’architecte des bâtiments de France).
Devant cette belle façade, M. Caddet nous raconte l’histoire du château.
Pour Benoît d’Entrevaux, il daterait du xve siècle, la seigneurie appartenait alors aux Lestrange. Mais dans un manuscrit écrit par le curé Fauché en 1788, on peut lire : « un noble, Gaspard de Mantin, d’Avignon, acheta en 1634 les terres de Berzème et d’Allier et fit aussitôt construire le château. » Peut-être a-t-il simplement fait construire (ou reconstruire) les deux tours sur les ruines d’un ancien domaine.
Le château appartint ensuite à la famille privadoise des Fayon (noble Fayon, baron de Montbrun, seigneur du Clap et son épouse Suzanne de Joviac en 1760, puis Antoine de Fayon dit l’abbé de Montbrun, en 1772), à celle des Roqueplane en 1782. À la fin du xixe siècle, on y trouve le poète Eugène de Villedieu, qui fut préfet de l’Ardèche.

escalier en bois

Escalier en vis

pas d'âne

Au pied de la tour, on voit le « pas d'âne »

Nous montons au premier étage par un magnifique escalier à vis en bois massif ; cet escalier avait été démonté et vendu, il a pu heureusement être récupéré chez un brocanteur et remonté à sa place initiale. Cette tour de gauche abritait autrefois un oratoire. En haut, nous traversons une salle réservée aux activités de la commune et un espace à vocation muséale. Les plafonds à la française en trop mauvais état n’ont pu y être conservés. À l’est, la grande salle donne de plain-pied sur l’extérieur et est accessible par un « pas d’âne », large escalier extérieur, utilisable par des bêtes de somme, qui la relie à la façade sud. Le château doit accueillir dans la mezzanine de la grande salle et dans ses annexes la collection de l’ancien musée agricole du Verdus près de Privas ; cette collection acquise par le Conseil général rassemble aussi bien des outils à main (coulassou, bigot...) que de grosses pièces (tracteurs et locomobiles à vapeur).
Nous n’avons pas vu l’arboretum, 25 hectares autour du château, dont 10 en futaie régulière, avec des cèdres, mélèzes, épicéas, séquoias, frênes, tilleuls, érables, sycomores, ormes, etc.

Bernard de Brion
(Visite de la Sauvegarde, mai 2007)